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Chouette philosophie!

La chouette de Minerve (déesse romaine de la sagesse et de la science) symbolise la philosophie. Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que la mythique bestiole prend son envol. Avec ses grands yeux allumés, elle nous incite à croire que la nuit est davantage propice à la réflexion et nous permet même de voir plus loin. Pour s’en convaincre, il faut savoir que la portée de l’œil durant le jour est d’à peine quelques kilomètres, alors que pendant la nuit nous percevons des étoiles et des galaxies situées à des millions d’années-lumière… Cher visiteur, ce blog se présente donc comme une chouette invitation à tenter de voir plus loin, plus clair et plus en profondeur. Bonne réflexion !

Le PQ mérite-t-il cette critique sévère de Gérard Bouchard?

Publié le 10 Janvier 2014 par La chouette

Le PQ mérite-t-il cette critique sévère de Gérard Bouchard?

Est-ce que je me trompe en ayant l'impression que le PQ , un si grand parti, s'abaisse à faire de la petite politique? Comme l'a fait Jean Charest sur le dos des étudiants, est-il possible que Pauline Marois, aidée de Bernard Drainville, récidive avec la stratégie du bouc émissaire? Mononcle Charest, on le sait bien, a créé de toute pièce une crise étudiante, tandis que Matante Marois de son côté a inventé une crise de l'immigration. Où sont la rigueur et l'élévation dans tout ça? Pourtant, Mme Marois était supposée gouverner autrement... Lorsqu'il parle de démagogie, le point de vue de Gérard Bouchard m'apparaît fort pertinent...

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R
Les satanées études de Gérard Bouchard, rien à foutre. Pour déclarer qu'un État est neutre, a-t-on besoin d'une étude? <br /> <br /> En 2013, on a publié des études statistiques qui démontraient que le français était en déclin à Montréal. Dès leur sortie, on a minimisé l'importance de ces études en laissant entendre qu'elles étaient incomplètes et qu'on ne pouvait donc s'y fier pour juger de la santé du français à Montréal. Il faut croire que les anti-loi 101 avaient intérêt à ce que ces études ne viennent pas contredire leurs assertions plus qu'intéressées. C'est ainsi qu'on traite les études au Canada.<br /> <br /> Il en va de même avec Gérard Bouchard et son exigence d'études. Il m'apparaît avoir intérêt à ce que personne ne réussisse là où il a échoué. Il faut se rappeler que la conclusion de la Commission Bouchard-Taylor était qu'il fallait éduquer les Québécois pour faire en sorte qu'ils puissent mieux accepter la diversité culturelle en n'ayant pas peur de faire des accommodements raisonnables. Les deux présidents ont appelé ça l'interculturalisme. La belle affaire! Est-ce ce même interculturalisme qui a amené Charles Taylor à appuyer le projet de charia en Ontario?<br /> <br /> L'interculturalisme, c'est la même bibitte que le multiculturalisme, finalement. Ça mène à des ghettos de nouveaux arrivants qui refusent de s'intégrer aux us et coutumes de l'endroit et qui exigent de conserver leur façon d'être et de faire. Pour paraphraser Bock-Côté, l'interculturalisme, c'est de l'intégration à l'envers. C'est l'Autochtone qui s'adapte au nouvel arrivant en lui accordant accommodement raisonnable sur accommodement raisonnable. <br /> <br /> À mon avis, un accommodement raisonnable pourrait être souhaitable dans la mesure où il n'induit pas de coût d'opération supplémentaire et il ne dérange pas l'ordre public. Cela étant dit, ça ne devrait jamais être un dû ou un acquis. Il devrait s'énoncer selon le bon vouloir des gens concernés seulement, sans devenir une règle. Il devrait plutôt rester une rare exception.<br /> <br /> Quand on décide d'émigrer ailleurs, on sait qu'il faudra impérativement s'adapter aux us et coutumes du pays d'adoption. Ça se fait partout et c'est une question de respect avant tout. Pourquoi les Québécois devraient être plus intégrateurs que le reste du monde? Il n'y a pas de raison. Les Québécois sont probablement les gens les plus accueillants, les moins racistes et les moins xénophobes de la planète. Alors là, les leçons de Gérard Bouchard sur le rejet et la division, toujours rien à foutre.<br /> <br /> La Charte maintenant; vaste programme s'il en est un. Ce qui ne va pas avec la Charte? Premièrement : son titre. Elle ne devrait jamais porter le titre de valeur québécoise. C'est réducteur et ça donne flanc à toutes les épithètes anti-québécoises, grande spécialité des Anglos-Canadiens pourfendeurs de Québécois. La laïcité ou neutralité de l'État est un concept universel. Ce n'est pas une spécificité québécoise. La laïcité est l'objet de débat partout ailleurs et il est parfaitement légitime d'aborder ce sujet en tout temps, études à l'appui ou pas.<br /> <br /> Deuxièmement : la Charte ne devrait permettre aucune échappatoire. Toute la Fonction publique devrait y être assujettie. À mon avis, il ne devrait y avoir qu'une seule exception : l'Hôpital juif de Montréal. Si les employés juifs y sont majoritaires, ils pourraient être exemptés de l'interdiction de porter des signes religieux. Cet hôpital est renommé pour ses excellents soins et il ajoute à l'offre de service de santé si indispensable à Montréal. Pourquoi ne pas faire une exception dans ce cas unique?<br /> <br /> Troisièmement : le crucifix qui continue à nicher à l'Assemblée nationale. Il n'y a pas lieu d'en discuter, ça doit être ainsi : tout signe religieux doit disparaître de l'Assemblée nationale. C'est souvent par les symboles qu'on juge des véritables intentions d'un gouvernement. On sait tous que le PQ hésite à enlever le crucifix à l'Assemblée nationale par peur de s'aliéner une partie de l'électorat catholique. Ce n'est tout simplement pas une raison valable pour conserver ce signe religieux ou tout autre dans l'enceinte officielle d'un gouvernement qui tient à se déclarer neutre.<br /> <br /> Quatrièmement : l'électoralisme puant qui suinte du projet de charte. Comme on le sait tous, pour le Parti québécois, la seule chance d'être élu majoritaire aux prochaines élections, c'est de faire la promotion d'un projet identitaire. Bon, il est évident que le PQ veut s'allier le vote de la Ville de Québec qui lui fait défaut depuis des années. Alors, le PQ joue la carte populiste de cette ADQ qui a passé à un cheveu d'être élue en surfant sur le rejet de l'autre. On sait que les gens de Québec sont un peu chauvins et le PQ l'a aussi remarqué. Le projet de charte, même s'il est tout sauf une négation, pourrait nourrir le chauvinisme des gens de Québec.<br /> <br /> Cinquièmement : les subventions aux écoles catholiques et juives. Ceci doit cesser ou alors on doit subventionner toutes les confessions religieuses, sans exception.<br /> <br /> Tout ceci pour dire que le projet de charte, tel qu'il est présenté, ne m'enchante pas du tout. S'il n'était pas plus cohérent, je voterais certainement contre. On sait tous qu'il sera amendé ou qu'il sera l'objet principal de la prochaine élection. Il reste que, malgré tous les défauts de la charte proposée, ce débat légitime doit se faire à tout prix. Oui ça pue, oui c'est électoraliste, oui ça divise la population. Mais ça date de quand la dernière fois que nous avons vraiment débattu de ce qu'on est et de ce qu'on veut comme société? Il y a bien longtemps. Depuis le référendum de 1980 et celui de 1995. Ça va nous faire du bien de parler de nous à nouveau.<br /> <br /> Pendant qu'on parle de charte, il est évident qu'on ne parle pas d'indépendance politique. Mais comment un parti minoritaire peut-il faire avancer son projet d'indépendance? En se faisant réélire majoritaire, tout simplement. C'est le but recherché avec le projet de charte. Bien sûr, on aurait aimé que cette charte n'ait pas des allures d'entourloupette, mais la politique étant ce qu'elle est, il faut plutôt saluer la stratégie péquiste. On veut une majorité et on prend les moyens pour l'obtenir. Après on pourra parler d'indépendance. Quand on regarde comment les libéraux ont tout fait pour éviter de parler de laïcité alors qu'ils étaient au pouvoir, on se dit que l'électoralisme n'est pas l'apanage du seul Parti québécois. <br /> <br /> Est-ce de la petite politique que tout ça? Je répondrais que c'est de la politique tout court. Quant à la démagogie, je dirais qu'elle s'énonce majoritairement du côté de ceux qui sont opposés à la charte. Quand on ne peut parler de neutralité sans être traité de xénophobe, il y a démagogie patente. On devrait être capable de parler de tous les enjeux de sa société sans se faire traiter de tous les noms d'oiseaux exotiques qui sont si rares par chez nous. Ce sujet est tellement sensible que le respect du pro et du contre est indispensable pour en arriver une discussion éclairée. Appliquons-nous.<br /> <br /> Les gens ne veulent plus en entendre parler? C'est faux! Tout le monde est concerné et nous avons tous vécu des expériences qui montraient le manque de balises pour trancher dans des situations délicates. Continuons donc à en parler. Ça se passe d'ailleurs relativement bien. Une bavure de temps en temps mais rien de plus. Une société évoluée doit être capable de parler de son avenir avec maturité et doit continuer à avancer. On sait que les religions évoluent très très lentement, aussi n'ayons pas peur de leur donner un petit coup de pouce. La religion doit sortir de l'État, et de façon officielle. Quoi qu'en dise Gérard Bouchard et son interculturalisme.
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R
Dossier pas facile, tu dis! Ça m'a pris des mois avant de prendre position clairement. Je penchais d'un bord et de l'autre jusqu'à ce que je comprenne que l'exercice était important et qu'il ne fallait pas avoir peur de confronter nos peurs. Nos peurs? Le retour des religieux de toutes sortes avec leurs épouvantails. La peur de revivre les années 50 et 60 avec les extrémistes catholiques qui nous promettaient enfer et damnation pour avoir simplement désobéi à nos parents. Quelle connerie, cette époque.<br /> <br /> J'ai toujours été en faveur du vivre et du laisser vivre. Malheureusement, il vient un temps où on ne peut plus se cacher derrière une maxime aussi ouverte qui permet n'importe quoi. Il faut définir le type de société dans lequel on veut vivre. Tous les pays ont à faire ce choix un jour ou l'autre. La Révolution tranquille nous a permis d'aborder cette réflexion importante sur le vivre ensemble et nous en retirons les dividendes aujourd'hui. <br /> <br /> J'écoutais Guy Rocher à la commission parlementaire. Cet érudit de 89 ans m'a impressionné au plus haut point. Cet homme était aux premières loges quand le Québec a carrément mis les religieux à la porte des écoles et des universités, au début des années 60. Il était là lors de la mise en place de la loi 101 sur la langue française, dans les années 70, et il est encore là alors qu'on parle de laïcité en 2014. Cet homme est une encyclopédie à lui tout seul.<br /> <br /> Quand on y pense, la Révolution tranquille des années 60 mettait la table pour le Québec d'aujourd'hui. Mettre les religieux à la porte était une véritable révolution. La lutte contre les évêques a dû être épique. J'étais trop jeune pour comprendre ce qui arrivait à notre société à ce moment-là mais j'ai vécu ces changements et je suis très heureux que ce soit derrière nous. Le courage que ça prenait pour remettre la religion à sa place, c'est incroyable. Les gouvernements de cette époque ont osé et nous avons suivi le mouvement, pour notre plus grand bien. <br /> <br /> Le débat sur la charte de 2014 ne demande pas un dixième de ce que la Révolution tranquille a pu exiger à l'époque. Il s'agit en fait d'officialiser ce qui existe déjà depuis 50 ans. On ne s'attaque pas aux personnes ni aux religions mais à des signes inoffensifs pour la plupart, mais qui peuvent aussi porter à conséquences dans bien des cas. Sans la Révolution tranquille, où en serions-nous aujourd'hui? Les évêques auraient encore leurs entrées auprès des premiers ministres et nous serions encore abonnés aux religions des siècles derniers qui promettaient l'enfer sans discernement. La peur, toujours la peur.<br /> <br /> Pour qu'on n'ait pas fait la Révolution tranquille pour rien, je suis pour la charte. Et je suis absolument d'accord avec la proposition de Guy Rocher qui préconise une clause orpheline donnant à ceux qui sont déjà à l'emploi du gouvernement le droit de conserver leurs signes religieux dans le cadre de leur travail, et ce jusqu'à la retraite. Seulement les nouveaux employés seraient touchés par l'interdiction de porter des signes dits ostentatoires. Comme je l'ai déjà souligné, les conditions à l'emploi existent partout ailleurs que dans la Fonction publique et personne n'en meurt.<br /> <br /> Il est clair que pour le moment le Parti québécois est campé sur ses positions par pur électoralisme. Mais il ne faut pas se fier à ce durcissement des positions pour conclure; c'est seulement de la poudre aux yeux pour forcer l'élection qu'on sent imminente. Le jeu consiste à pousser les partis d'opposition dans leurs derniers retranchements. Et ça marche. Le parti libéral ne sait déjà plus où donner de la tête pour ne pas perdre son électorat de toujours. Contre tout bon sens, ce parti souffle le chaud et le froid, en pleine contradiction avec tout ce qu'il avance. Il est contre l'exclusion et il exclut sa seule députée musulmane. Il parle de l'illégalité d'une charte qui défendrait les signes religieux et il propose tout à coup de défendre la burqa à son tour, devenant du même coup tout aussi illégal que ceux qu'il accuse. Etc.<br /> <br /> Une fois l'élection passée, je suis convaincu que nous reverrons un Parti québécois transformé. Probablement en selle pour 4 ans, s'il est majoritaire, il va revenir à plus de cohérence. Je serais prêt à parier avec n'importe qui que ce gouvernement ne permettra jamais une seule perte d'emploi pour port de signe religieux. Ce n'est pas dans son intérêt et ce gouvernement le sait bien.<br /> <br /> Quelques mots sur cette gauche québécoise qui me scandalise complètement. Partout, la laïcité se fait avec le concours de la gauche et des intellectuels, sauf ici. Que comprendre de tout cela? J'ai l'impression que c'est une deuxième nature pour la gauche que de défendre la veuve et l'orphelin. Dans ce cas-ci, c'est le religieux qui fait office de victime à préserver des méchants chartistes québécois. Ou alors, inconsciemment, la gauche ne veut absolument pas être associée aux racistes et aux xénophobes. <br /> <br /> Car il ne faut pas se le cacher, les pro-chartes dont je suis doivent avouer qu'un lot assez important des pros est un beau ramassis de racistes dans la vraie vie. Il faut savoir faire la part des choses et se rappeler qui on est même si on s'associe à des gens qui ne nous ressemblent pas du tout. Ce n'est pas parce que je côtoie un raciste une fois dans ma vie que je le deviens. Il peut exister plusieurs motivations différentes pour épouser une cause en particulier. Voilà qui devrait faire réfléchir la gauche et l'empêcher de s'enfoncer dans la tolérance extrême.
L
J'ai relu l'ensemble des commentaires sur le thème, Roger. Force est de constater que ce n'est pas simple. Tu marques un point quand tu nous mets en garde de ne pas jouer à l'angélisme. Le projet de charte n'origine pas nécessairement de nobles intentions, mais il faut reconnaître qu'un jour ou l'autre il aurait fallu faire l'exercice. Il est clair qu'au Québec on ne tient pas à ce que la religion revienne en force après tout le travail de la Révolution tranquille. On s'entend très bien là-dessus. Il faut donc lancer un message clair. Toute la question est de savoir comment s'y prendre... Ne serait-il pas possible d'y aller par étapes, comme le propose Guy Rocher en permettant aux plus vieux de conserver leurs signes religieux jusqu'à l'âge de la retraite, tandis que les jeunes devraient se faire à l'idée que non seulement on insiste sur la séparation de l'État et de la religion, mais aussi que la religion n'a pas sa place au travail. Ainsi, en y allant progressivement, personne ne perdrait son emploi pour des motifs religieux et le changement de mentalité pourrait se faire sans collision frontale. Mais le PQ l'entendra-t-il de cette façon?
R
Cher Louis, depuis quand le signe religieux fait-il partie des libertés fondamentales?<br /> <br /> Si la façon de vivre des nouveaux arrivants ne peut pas être remise en question, alors pourquoi ne pas accepter la charia, tant qu'à vouloir être accueillant et multiculturaliste au possible...
L
J'ai l'impression à vous lire tous les deux que vous ne parlez pas le même langage. Une chouette ça hulule et un Roger sa ne mâche pas ses mots... D'un point de vue éthique, je rejoins le point de vue de La chouette. Même si on ne coupe pas des mains et qu'on n'arrache pas des lambeaux de chair avec cette charte, on force des gens à se séparer pour un temps de symboles importants pour eux. Non ce n'est pas la fin du monde, et on est loin d'un génocide, mais on n'est pas habitué au Québec à se faire imposer des règles qui touchent aux libertés fondamentales, et cela amène de l'insécurité. D'autant plus que bien des immigrants viennent de pays ravagés par la guerre. Pour eux c'est un coup de force que de s'attaquer à leur façon de vivre. <br /> <br /> D'un point de vue politique, celui de Roger, il est clair qu'au Québec on a le droit de se doter d'instruments comme une charte afin de préciser et de préserver notre façon de vivre. Et aussi, il est légitime que le gouvernement emploie certains stratagèmes afin d'obtenir une majorité. On peut ne pas trouver ça bien beau, mais en politique la fin justifie les moyens. Et si cela peut empêcher les Libéraux de revenir au pouvoir, la charte est un moindre mal...
R
Arrête, la Chouette, j'hésite entre me mettre à pleurer et me mettre à rire comme un fou en te lisant. Quelle dramatisation outrancière. Comme si on n'était pas le peuple le plus accueillant de la planète, toujours à accommoder tout le monde, comme si les signes religieux étaient attachés après la peau et qu'en enlever un ferait saigner ou enlèverait toute spécificité à son porteur. <br /> <br /> Je me permets de te mettre en garde contre l'angélisme. L'angélisme fait partie de nous, c'est évident, mais il faut s'en méfier et lutter tous les jours contre cette tare typiquement québécoise. À trop avoir peur d'être raciste envers les autres, on le devient envers soi-même. <br /> <br /> Tu ne devrais pas trop me citer Lise Payette pour appuyer l'actuel délire démagogique de la gauche qui se veut plus politiquement correct que la correction elle-même. J'ai écouté les deux reportages de la semaine dernière où Payette disait qu'elle considère que la charte ne va pas encore assez loin à son goût. Je ne suis évidemment pas de cet avis. Elle ira assez loin si on évite les incohérences que j'ai déjà énumérées.<br /> <br /> Et puis, c'est bien beau l'indépendance mais peut-être qu'on pourrait aussi parler d'autre chose de temps en temps. Pour la faire, notre indépendance, il faut commencer par une élection majoritaire. Penses-tu que je m'attends à ce que l'indépendance se fasse de mon vivant, la Chouette? Jamais de la vie. Je tolère les magouilles péquistes parce que je sais qu'elles ont pour but de contrer l'élection des indignes. Alors je ne suis pas plus pressé que la Chouette ou quiconque. Seulement, je sais que je ne survivrais probablement pas à un autre gouvernement libéral remis en selle aussi rapidement après des années de règne pourri.<br /> <br /> Et depuis quand attendons-nous après les communautés culturelles pour faire l'indépendance. Depuis toujours, elles votent à 94% pour les libéraux. Perdre 10% des 6% qui seraient en faveur de l'indépendance pour établir des règles justes n'est pas cher payer.<br /> <br /> Ton exemple visant à faire porter le veston-cravate dans les lieux publics me montre que tu fais l'erreur de tout le monde. Je le répète pour la centième fois : on n'est pas en France, il n'y aura pas de chasse aux sorcières dans les lieux publics, l'interdiction c'est 7 heures par jour, seulement 5 jours sur 7, et au travail. Le reste du temps, tes martyrs religieux pourront donner libre cours à leurs déguisements de toutes sortes. Je m'attends à les rencontrer avec leurs crucifix et leur tissus faciaux et à les saluer bien poliment, comme la majorité d'entre nous le feront. Où sont les brutes, déjà? Quel délire à la Daniel Thibeault!<br /> <br /> Laisse-moi maintenant te causer un tantinet de condition d'emploi. <br /> <br /> Un jour, en pleine période de négociation, je me suis présenté à mon travail, portant sur mon joli dos voûté un gilet aux couleurs voyantes de mon syndicat. Fameusement identifié, autant devant que derrière, le Roger, comme dirait affectueusement une certaine chouette. Ainsi déguisé en porte-étendard, j'ai vite compris ce que voulait dire respecter ses conditions d'emploi lorsque j'ai refusé d'obtempérer à la demande de mon patron qui exigeait que je change de vêtement immédiatement.<br /> <br /> Après quelques minutes de discussion fort animée où j'ai tenu tête, j'ai écopé d'une suspension d'une journée. Je venais de découvrir qu'il m'était défendu de porter des signes ou des vêtements associatifs, tel que stipulé dans mon contrat de travail. Ceci se passait bien avant qu'on sache avec certitude que les dirigeants de la FTQ étaient des mafieux notoires. Le syndicalisme était alors ma religion personnelle et j'étais un croyant des plus actif. Loin de moi l'idée d'établir ici un parallèle parfait entre mes allégeances syndicales et l'embrigadement profond des croyants. Mon propos se résume à parler de conditions d'emploi.<br /> <br /> Me suis-je senti exclu en tant qu'individu parce mon entreprise me soumettait à des conditions d'emploi qui m'empêchaient de m'identifier à ma religion du moment? Pas du tout! Mais mon gilet, oui. Étais-je frustré? Au superlatif. Mais trois jours plus tard, j'avais digéré l'affront et j'étais rentré dans le rang, saisissant très bien qu'il y a des batailles qu'il est inutile de mener, et surtout impossible à gagner. Dans la vie, il faut savoir faire les concessions nécessaires à sa survie. Les conditions à l'emploi existent partout et personne n'y pourra rien changer.<br /> <br /> La neutralité de l'État que semble vouloir promulguer le PQ - rien n'est moins sûr - doit être prise comme une simple condition d'emploi comme les autres pour éviter le cirque actuel où les demandes les plus loufoques nous tombent dessus sans qu'on ait de solution valable à appliquer. D'exclusion, je n'en vois pas là l'ombre d'un milliardième d'iota. Si tel était le cas, il ne serait plus permis d'avoir quelque débat de société que ce soit, n'importe qui invoquant l'exclusion aussitôt qu'il aurait à subir une frustration quelconque. Pour que ce monde soit vivable, il faut malheureusement vivre avec des règles. Sinon, notre vie en société aurait des airs de Bolivie, endroit où aucun panneau routier n'est respecté et où on klaxonne pour annoncer qu'on arrive. L'anarchie, quoi!<br /> <br /> Oublions le politiquement correct à outrance, la charte n'aurait pas pour but d'exclure qui que ce soit ni de couper des mains, mais de promulguer la séparation de la religion et de l'État. Quoi de plus normal et légitime. Pour ce faire, il faut en parler, il faut nommer les choses et fixer des balises en tassant les incongruités. Les signes en sont. Pourquoi crier au loup si rapidement alors que les grandes lignes de la charte ne sont pas encore définies? Pourquoi crier au racisme, tout à coup? Parce que quelques personnes vont devoir changer quelques petites habitudes vestimentaires ou ornementales? Un tollé démesuré, à mon avis. De la démagogie qui a pour but de faire déraper un débat nécessaire.<br /> <br /> Une fois qu'on a compris la récupération honteuse du Parti québécois qui se sert de ce débat comme d'un ballon électoral, nous laissant ainsi avec des doutes sur le sérieux de sa démarche, on ne peut que conclure que c'est une stratégie vicieuse mais efficace qui pourrait nous sauver de l'élection de la basse-cour libérale. Ma position : n'importe lequel parti sauf les libéraux. Leurs 9 dernières années de pouvoir les rendent indignes de gouverner pour les 20 prochaines années.<br /> <br /> La Chouette, tu dis que le gouvernement péquiste a des méthodes dignes des libéraux et j'en conviens. Il reste qu'il y a de bonnes têtes à l'intérieur de ce groupe. C'est faux de dire qu'il y a seulement Hivon qui sorte de l'ordinaire. Je pourrais t'en nommer 7 ou 8 autres. Faisons l'exercice demandé à Lise Payette par Benoît Dutrisac la semaine dernière, aux Francs-Tireurs : trouver une seule tête libérale inspirante... C'est facile, il n'y en a aucune. La Chouette, ce constat devrait te ramener à un peu plus de mesure, vite fait. Tu vois, on n'a pas d'autre choix de gouvernement pour le moment et il faut faire avec le moins pire sinon on se retrouvera vite avec le pire. <br /> <br /> Assez cassé du sucre, comme tu dis, il faut faire avec ce qu'on a en épaulant le seul parti viable, même s'il est tout croche; le seul qui a des chances d'améliorer certaines politiques et de travailler un peu pour le peuple. Pas question de devenir couillon ni de se mettre à caqueter. On va de l'avant, et que la religion retrouve sa vraie place : dans sa vie personnelle, à la maison et les lieux de culte. J'ajouterais qu'elle peut même continuer de se montrer dans les lieux publics tant qu'elle le voudra. C'est pas de l'ouverture, ça, espèce de brute!
L
Je ne voudrais pas faire ma fendante, le Louis, mais le mot de Martin Blais, ce professeur de philosophie à la retraite, s'énonce plutôt comme ceci: «Le désordre des oeufs cassés fait partie d'un ordre plus grand, l'omelette.» Toute la question ici est de savoir s'il s'agit vraiment d'un ordre plus grand. Pour ma part, j'aimerais faire du Québec un pays, mais pas à tout prix. Je pense que le Roger est un petit peu trop pressé. Qu'il aille revoir le témoignage de Lise Payette (Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez voir le film à cette adresse: http://zonevideo.telequebec.tv/media/8814/lise-payette-un-peu-plus-haut-un-peu-plus-loin/lise-payette-un-peu-plus-haut-un-peu-plus-loin). Elle se disait au lendemain du référendum de 1980 qu'elle ne verrait jamais l'indépendance du Québec de son vivant. Personnellement, je suis pas mal de cet avis. Et je préfère qu'on y aille lentement mais sûrement. N'en déplaise à Monsieur le Roger, même si le PQ actuel obtient une majorité, cela ne nous avancera guerre sur le chemin de l'indépendance. Je le répète, nous sommes en train de nous mettre à dos 10% de notre population. C'est un très mauvais calcul du point de vue de l'option de la souveraineté. Oui, je réitère mon idée, s'attaquer à l'identité de certains citoyens c'est se comporter en brute. Si on laissait par exemple le gouvernement obliger tous les citoyens du Québec à porter le veston-cravate dans les endroits publics sous prétexte d'éviter la propagande de gauche, nous en serions consternés. Il s'agirait d'une attaque à la liberté et à l'identité de chacun. Et c'est exactement ce qu'on veut faire avec les religions en obligeant les gens cette fois à enlever un objet lié très intimement à leur identité. Il n'y a pas d'autre mot, il s'agira d'un coup de force autoritaire de la part de ce PQ en perdition qui n'a aucune visée que le pouvoir à tout prix. Cessons d'être naïfs, à part René Lévesque et Jacques Parizeau, personne au PQ n'a jamais vraiment voulu faire du Québec un pays. Ces gens ne cessent de saborder le projet, et nous en avons encore la preuve aujourd'hui. Je me demande qui de nous deux donne dans le populisme le Roger...
R
Louis, je soupçonne que des brutes québécoises ont foutu la Chouette en bas de son perchoir. Elle doit avoir une très grosse bosse sur sa cervelle d'oiseau... Ça expliquerait tout.
L
Heille vous deux! Vous ne réussirez pas à m'entraîner dans votre débat. Vous êtes majeurs et vaccinés, accordez-vous! Pour ma part, je ne suis ni estomaqué par les propos de Roger ni par ceux de La chouette. Je me rends compte simplement que le pragmatisme de l'un vient de collisionner l'idéalisme de l'autre. Je trouve le point de vue de La chouette assez émouvant, mais j'aimerais lui rappeler une phrase de Martin Blais: «on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeuf»...
R
La Chouette, toi qui n'aurais à craindre que la loi de la gravité et l'aigle, grand bouffeur de chouette perchée, j'ai bien peur que tu ne t'inquiètes outre mesure de notre gouvernement en imaginant peut-être que des grattes à immigrants ont envahi le paysage québécois pour jeter ces bonnes gens dans une fosse commune ou les refouler à l'extérieur de nos frontières? <br /> <br /> Sur ce coup-là, la Chouette, je ne te suis pour ainsi dire pas du tout. Tu commets des mots qui ne ressemblent pas à la Chouette que je croyais connaître : on s'attaquerait aux communautés culturelles, on est des brutes envers les immigrants, on fait de l'exclusion, abandonner un signe religieux enlève du sens à la vie du croyant, c'est toujours l'immigrant qui s'adapte, en faveur du visage à découvert mais refuse les balises que le gouvernement propose. Ouf! Où allons-nous avec ça? J'ai l'impression de découvrir un nouveau Homo quebecus tellement ça ne ressemble à rien de nous.<br /> <br /> Je ne sais pas par où commencer tellement je m'oppose à tout ce que tu as écrit. Ta lecture de la politique québécoise actuelle est complètement à l'opposé de la mienne. J'imagine que tu as dû oublier qu'on a un gouvernement en sursis et que, si imparfait soit-il, il est le seul qui peut nous sauver des honteux libéraux aux prochaines années. Ça mérite un peu de patience quant à nos exigences envers ses pratiques, ses stratégies et ses réalisations. On a un gouvernement qui finaude parce qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions, c'est tout. Leurs manigances m'offusquent autant que toi, mais dans ce cas précis, la fin justifie les moyens. <br /> <br /> J'ai beau chercher où tu prends qu'on bouffe de la communauté culturelle, qu'on est des brutes, qu'on les exclut, je ne sais pas de quoi tu parles. Il est question d'interdiction de signes religieux et non de personnes religieuses. Et c'est seulement 7 heures par jour sur le lieu de travail. En plus, les catholiques québécois sont tout aussi concernés dans les interdictions envisagées par le gouvernement. Alors, où ça les communautés culturelles visées. Tu veux peut-être dire qu'elles se font voir et entendre plus que les autres, les communautés culturelles! Ça c'est un fait. Quand une religion est politisée et qu'elle a des vues bien précises, c'est un peu ce que ça donne. Je leur concède le droit de manifester mais de là à dire qu'on est en train de les ostraciser, foutaise. <br /> <br /> Les échos populistes ont rejoint la Chouette. J'aimerais bien lire Louis sur ce sujet...
L
Justement, continuons le débat cher Roger. Pour commencer, je tiens à préciser que je ne suis pas certaine au départ de vouloir faire un pays avec ces oiseaux-là... À part Véronique Hivon, je ne suis pas impressionnée par cette faune qui peuple l'Assemblée nationale présentement. Le gouvernement en place est certes moins pire que les Libéraux de Charest, mais je le répète il emploie des stratégies similaires. On a beau dire que c'est ça la politique... personnellement je refuse d'excuser trop facilement les petites magouilles qui divisent le Québec dans le but d'atteindre une minuscule majorité. À mon humble avis, construire un pays sur la base d'une exclusion, c'est très mal partir la patente... On l'a fait au Canada, et on voit ce que ça a donné... Il ne faut pas refaire cette erreur au Québec. Un parti souverainiste qui a comme objectif de convaincre le peuple de le supporter dans son projet d'indépendance, se doit d'être minimalement rassurant et en même temps nous impressionner un tant soit peu par la cohérence de ses principes et de ses actions. Là-dessus, à part le souci d'obtenir sa majorité, je ne vois pas une très grande cohérence à se mettre les communautés culturelles à dos. À mon sens, c'est pas comme ça qu'on fonde un pays. Stephen Harper a obtenu sa majorité en se foutant du Québec, mais il n'avait pas comme mandat de fonder un pays... Au Québec, Marois aura peut-être sa majorité, mais en cassant du sucre sur le dos d'une certaine catégorie de citoyens. Dans ce contexte, j'ai de la difficulté à imaginer que ces immigrants nous donneront spontanément la main quand viendra le temps de leur demander d'adhérer à notre projet d'émancipation collective. Il faut se mettre à leur place. Comment avoir confiance en un gouvernement qui se comporte de façon autoritaire en s'attaquant à ce qu'il y a de plus important dans leur vie. Nous nous comportons comme des brutes quand nous ne tenons pas compte du fait qu'il y a des gens pour qui la religion donne un sens à leur vie. S'attaquer à celle-ci c'est entrer avec nos gros sabots dans ce lieu sacré qui leur appartient...<br /> <br /> Ceci dit, je ne suis pas contre la Charte, le Roger. Je pense comme toi que le débat autour de notre identité collective est essentiel. À la lumière de tes propos, je pense qu'on peut s'entendre pour dire que l'actuelle Charte est extrêmement maladroite. On va perdre le soutien d'environ 10% de la population pendant au moins une génération si on l'adopte sous cette forme. Ce gouvernement a manqué de discernement en s'attaquant aux communautés culturelles plutôt qu'à l'intégrisme. Le bon sens nous dit que ce qu'on porte sur la tête a peu d'importance. Que ce soit un foulard, un fichu, une casquette des Expos, une tuque, l'important c'est de voir le visage du citoyen avec qui nous sommes en relation. La diversité des coutumes est un enrichissement. Il ne faut pas avoir peur de l'autre. Une société laïque à mon sens n'a rien à voir avec l'interdit, elle est plutôt ouverture. C'est l'intégrisme qu'il faut mettre au pas, et rien d'autre.<br /> <br /> Moi aussi, je ne comprends pas la position de Charles Taylor au sujet de la Charia. Les philosophes peuvent nous inspirer, mais parfois ils déraillent... Un exemple simple, et plus ancien celui-là, concerne le grand Aristote qui considérait la femme comme étant inférieure à l'homme... Je me demande quelle serait sa position aujourd'hui en considérant que les populations universitaires sont à majorité féminines...<br /> <br /> Bien que Taylor et Bouchard peuvent se tromper, évidemment, je considère tout de même que l'interculturalisme n'est pas une mauvaise vision de la société. Du moins dans l'idéal, je trouve que c'est une belle conception, dans la mesure où chaque partie veut bien aller vers l'autre. Et si on va dans ce sens au Québec, ce sera probablement une approche inédite. De tout temps, il nous est apparu normal que l'immigrant soit le seul à s'adapter au groupe d'adoption, mais c'est loin de l'idéal. Le mouvement devrait se faire dans les deux sens. Le phénomène des ghettos est-il dû au manque de bonne volonté des nouveaux arrivants ou à l'indifférence du peuple d'adoption? La logique veut que le mouvement se fasse de part et d'autre... Par contre, il faut admettre qu'en pratique l'interculturalisme est un défi de taille. Comment s'assurer que chacun y mettra du sien, sans profiter de la situation? Comme c'est le cas pour des conjoints ou des colocataires, comment maintenir l'équilibre entre le respect de l'autre et l'intérêt personnel? Comme on peut le constater, cette conception de la société nous amène collectivement à nous comporter comme des équilibristes sur un fil de fer. Est-ce réalisable sans qu'on abuse de notre bonté? Je ne sais pas, mais il faut se souvenir qu'au Québec on ne fait pas les choses comme ailleurs. Ne sommes-nous pas le seul endroit au monde où il y aurait eu une révolution dite «tranquille»...