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Chouette philosophie!

La chouette de Minerve (déesse romaine de la sagesse et de la science) symbolise la philosophie. Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que la mythique bestiole prend son envol. Avec ses grands yeux allumés, elle nous incite à croire que la nuit est davantage propice à la réflexion et nous permet même de voir plus loin. Pour s’en convaincre, il faut savoir que la portée de l’œil durant le jour est d’à peine quelques kilomètres, alors que pendant la nuit nous percevons des étoiles et des galaxies situées à des millions d’années-lumière… Cher visiteur, ce blog se présente donc comme une chouette invitation à tenter de voir plus loin, plus clair et plus en profondeur. Bonne réflexion !

Publier ou ne pas publier les dessins de Charlie Hebdo?

Publié le 9 Janvier 2015 par La chouette

Publier ou ne pas publier les dessins de Charlie Hebdo?

Les médias du monde vivent actuellement un dilemme moral important. Doivent-ils publier ou non les dessins de Charlie Hebdo? Pour aider à la réflexion, il faudrait peut-être s'inspirer du principe d'universalisabilité d'Emmanuel Kant l'un des grands philosophes du Siècle des lumières. Ce principe consiste à se demander qu'est-ce qu'il se passerait si tout le monde posait tel ou tel geste. Par exemple, si personne ne publiait les dessins de Charlie Hebdo, que se passerait-il? Aimerions-nous vivre dans ce monde? Aimerions-nous léguer à nos enfants un monde où ils devraient se la fermer et se soumettre face à un pouvoir réactionnaire? À l'opposé, si tout le monde décidait de publier les dessins, est-ce que ce serait mieux? Je pense que oui, car cet élan de solidarité enverrait un message puissant aux terroristes, à savoir nous voulons vivre dans un monde ouvert, libre et tolérant...

Bien sûr, tout ça c'est de la théorie, mais en pratique ça prend énormément de courage pour dire non à des gens qui vous braquent une Kalachnikov en plein visage. N'oublions pas que l'évolution des sociétés se fait au prix de grands sacrifices...

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R
En ce monde, des causes valent la peine qu'on meure pour qu'elles survivent. Est-ce que mourir pour le droit de publier des caricatures fait partie de ces causes absolument louables pour lesquelles on se met en danger de mort sciemment? Ma réponse sera sibylline. Je dirai que ça dépend du contexte.<br /> <br /> Tout d'abord, le rappel d'une anecdote que je crois avoir déjà racontée sur ce blogue. Syndicaliste depuis toujours, un jour je me suis retrouvé dans une position d'isolement. On était plusieurs syndiqués à revendiquer le même droit et on s'était donné le mot pour aller présenter notre demande devant le gérant de l'entreprise pour laquelle je travaillais. J'avais écrit le texte de présentation et on devait se retrouver tous ensemble à une heure précise. À l'heure dite, j'ai constaté avec déception que j'étais le seul à m'être présenté au rendez-vous. Immense ressentiment de ma part. Tous avaient une excuse quelconque pour expliquer leur défection. À partir de ce jour, je me suis juré que ça ne m'arriverait plus, car vous le devinez sûrement, j'ai été isolé et on m'a vertement envoyé promener.<br /> <br /> C'est un peu ce qui est arrivé à Charlie Hebdo. Quand le magazine a reçu des menaces, il a demandé à tous les médias de l'appuyer en publiant les caricatures controversées afin de préserver la liberté de presse. Devant les menaces, presque tous les médias se sont défilés. On peut les comprendre un peu car les menaces n'étaient pas anodines, mais il reste qu'en agissant de la sorte, ils ont complètement laissé tomber Charlie Hebdo qui devenait le seul pécheur visé par les extrémistes menaçants. Mais le péché des médias était bien plus grand. Ils venaient d'abdiquer devant la menace et de dire aux extrémistes que la liberté d'expression pouvait être neutralisée facilement.<br /> <br /> Imaginons maintenant ce qui se serait produit si jamais tous les médias, sans exception, avaient démontré de la solidarité en publiant une caricature de Mahomet. Charlie Hebdo n'aurait sûrement pas été isolé et les fous de la mitraillette n'auraient pas pu bâillonner tous les médias mondiaux. Ils auraient certainement laissé tomber leurs menaces, ne pouvant attaquer tous les médias les uns après les autres. Dans cette affaire, les médias auraient dû comprendre que cette abdication allait mener au pire.<br /> <br /> Ce n'est pas la première fois que les médias et les journalistes jouent dans le film &quot;Chacun pour soi&quot;. À Ottawa, dès sa première élection, Harper a demandé les noms de tous les journalistes qui couvraient la politique sur la colline parlementaire. Les journalistes, supposant que c'était une bonne chose d'être sur la fameuse liste et qu'ils allaient être autorisés à poser une question à tour de rôle, ont donné bêtement leur nom. Quand ils se sont rendu compte que Harper donnait toujours la parole aux quelques mêmes journalistes choisis pour leur fadeur, ils ont demandé à ces confrères privilégiés de refuser d'être toujours désignés au détriment de leurs amis des autres médias. Eh bien, le chacun pour soi a gagné, encore une fois. Les privilégiés ont voulu garder leurs privilèges et ils ont fait un pied de nez aux autres journalistes. Rendez-vous manqué où les journalistes auraient pu s'élever au-dessus de leurs petits intérêts personnels pour défendre des intérêts communs.<br /> <br /> Avec l'affaire Charlie Hebdo, on voit où mène le manque de solidarité quand il s'agit de se battre pour la liberté d'expression. Car, le droit de publier des caricatures, même offensantes pour les croyants de toute sorte, fait partie de la liberté d'expression si chère au monde moderne. À partir du moment où on accepte de se taire, on vient de perdre notre liberté. C'est pourquoi il aurait fallu se battre pour Charlie Hebdo quand c'était le temps. Un autre rendez-vous manqué, malheureusement. Aujourd'hui, les demandes d'abonnement affluent au magazine mais il est un peu tard pour donner son appui à Charlie Hebdo. Les innocents du rire ont payé de leur vie pour qu'on se réveille enfin. Dégueulasse!<br /> <br /> En début de texte, je disais que le contexte était important avant de décider d'appuyer ou non une cause. Fort de la leçon que j'ai tirée lors de mon expérience d'isolement devant mon patron, j'estime que je me serais battu chèrement pour appuyer la cause Charlie Hebdo mais je crois que je n'aurais pas eu le courage de le faire seul; ce qui m'aurait exposé complètement aux mesures de représailles des extrémistes débiles. De la lâcheté? Oui, un peu beaucoup, certes. J'ajoute que je n'aurais pas hésité à m'engager complètement si ça avait été pour sauver la vie d'un des membres de ma famille.<br /> <br /> La morale de cette histoire : solidarité, autant que faire se peut.
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R
Enfin, je ne suis plus seul. Et pourtant, bien vivant, moi...<br /> <br /> J'ajouterais ceci. Comme l'écrivait la Chouette, se battre pour notre liberté exige de grands sacrifices et il faut prendre des risques. Ce n'est jamais facile mais finalement c'est la seule façon de conserver nos acquis et de continuer à évoluer pour ne pas retourner au Moyen-âge. Il faut résister à l'obscurantisme, qui n'est plus loin de nous comme auparavant mais à notre porte. Les attaques de cette semaine montrent bien que les intégristes sont parmi nous, prêts à frapper n'importe où. C'est si facile de prendre des otages dans un centre d'achat quand on a un ami fidèle nommé AK-47 qui nous suit partout. Bande de salopards qu'ils sont.<br /> <br /> LibArté, disait un certain Elvis!
L
Aujourd'hui, je suis Roger!